Les 13, 14 et 15 juin 2022, Valence a été la capitale mondiale de l’économie publique, du mouvement coopératif et de l’économie sociale, avec la célébration du 33e congrès international du CIRIEC. Le congrès s’est tenu sous le thème « Nouvelles dynamiques mondiales à l’ère post-Covid : enjeux pour l’économie publique, sociale et coopérative ». Ces trois jours ont été très spéciaux et intenses. Et un grand succès, soutenu par de multiples jalons : la participation d’un total de 1 217 congressistes et invités de 33 pays ; 300 propositions de communication reçues, dont 184 ont été acceptées et 132 ont été présentées dans 19 sessions. Et deux orateurs de haut niveau, tels que le prix Nobel d’économie Paul Krugman et l’économiste Mariana Mazzucato, qui soulignent tous deux le rôle essentiel du mouvement coopératif et de l’économie sociale dans nos sociétés.
Paul Krugman a donné la conférence inaugurale, intitulée « Coopérer pour un meilleur avenir ». Il y analyse l’influence de l’économie sociale sur deux aspects : les inégalités économiques et le changement climatique. En ce qui concerne les inégalités, il a déclaré que « cela fausse la société et réduit la capacité d’agir collectivement ». En ce sens, l’économie sociale contribue à éviter que les gens soient laissés pour compte, avec des exemples qu’il a mentionnés comme les coopératives de logement, les associations du troisième secteur et les syndicats, dont l’action est également fondamentale pour une répartition plus équitable des richesses.
En ce qui concerne le changement climatique, Krugman a déclaré que « si vous n’êtes pas conscient de ce que signifie le changement climatique, vous n’êtes pas dans le monde. Nous sommes confrontés à une crise de l’eau extraordinaire, nous ne pouvons pas échapper aux émissions de CO2 ». Il s’agit d’un problème » de très grande ampleur qui doit être abordé au niveau international ». Pour cette raison, « en fin de compte, ce sont les administrations qui devront prendre les mesures clés, mais l’économie sociale et les coopératives doivent faire partie du puzzle qui résout le problème », a-t-il déclaré.
Pour Krugman, « il y a trop de crises, l’inflation, la guerre en Ukraine, la crise alimentaire, la crise énergétique… mais ces crises passeront », a-t-il conclu : « L’Europe sera probablement capable de les contrôler. Mais dans les crises les plus graves – inégalités extrêmes et dommages environnementaux – ce seront les organisations du troisième secteur qui pourront faire la différence.
Comment faire de l’économie ?
Mariana Mazzucato, professeur d’économie de l’innovation et de la valeur publique à l’University College London (UCL) et directrice fondatrice de l’UCL Institute for Innovation and Public Purpose, a déclaré que l’économie sociale « n’est pas simplement une autre partie de l’économie, mais la façon dont l’économie devrait être faite ».
Dans son discours, Mme Mazzucato a expliqué que, compte tenu des crises actuelles que nous connaissons, « nous ne pouvons pas chercher des rustines pour les résoudre, nous devons réaliser des investissements très audacieux dans certaines parties du secteur économique pour attaquer le problème à la racine ».
À cet égard, l’économiste a souligné qu' »il n’y a pas de meilleur modèle que le mouvement coopératif pour aborder les changements nécessaires dans la façon dont l’économie est gérée, il n’est pas parfait, mais c’est un excellent exemple ».
Alain Arnaud, président du CIRIEC International, s’est exprimé dans le même sens que Mazzucato, en soulignant que « face à la transformation de la société et du modèle économique, les acteurs de l’économie sociale doivent se mobiliser pour que les changements que nous vivons ne se transforment pas en catastrophes pour la société. En outre, les politiques publiques doivent accompagner cette transformation en plaçant les personnes au centre ». Lors du Congrès, Alain Arnaud a remis sa présidence du CIRIEC-International à Bernard Thiry, qui a été le directeur exécutif du CIRIEC pendant plus de 20 ans.
Site web du 33e congrès international du CIRIEC
