A l’occasion de son 33ème congrès en juin dernier, le CIRIEC a célébré son 75ème anniversaire notamment en publiant deux ouvrages qui retracent les apports scientifiques et les principales évolutions de l’organisation. Dès sa création le CIRIEC s’est consacré à l’étude et à l’information objective sur les diverses formes d’entreprises et d’organisations qui concourent à l’intérêt collectif : sociétés publiques locales, sociétés d’Etat, coopératives, mutuelles et autres composantes de l’économie sociale. Dès 1974, les termes « Economie sociale » sont repris dans la dénomination statutaire du CIRIEC.
Au gré de son histoire, le CIRIEC a participé pleinement à l’affirmation du secteur de l’économie sociale. Dès les années 1980, il regroupe de nombreux chercheurs intéressés par la résurgence du concept d’économie sociale, multipliant les colloques et les publications pour assurer les bases conceptuelles de ce secteur entre secteur public et secteur privé. Il multiplie les collaborations avec les services de la Commission européenne, en particulier l’unité « économie sociale » de la direction générale entreprises pour mieux connaître ce secteur, ses composantes, pour fédérer davantage ses forces et ses potentialités. Il devient aussi un partenaire des premières conférences européennes de l’économie sociale qui jalonnent les années 1990 ; le CIRIEC assurant la présidence et le secrétariat du comité consultatif des coopératives, mutualités, associations et fondations de l’Union européenne, lointain ancêtre de l’actuel Social Economy Europe. Des travaux sont également menés avec et pour le Parlement européen et le Comité économique et social européen.
Le CIRIEC s’est efforcé au cours de ces dernières décennies d’analyser l’économie sociale et ses apports sans opposer systématiquement l’économie sociale à l’économie publique qui partage souvent les mêmes finalités. Il s’est aussi appliqué à mesurer l’importance économique de l’économie sociale et notamment de sa composante marchande et entrepreneuriale que sont particulièrement les coopératives. Je pense aux travaux sur les comptes satellites des entreprises de l’économie sociale au sein de la comptabilité nationale et à ceux sur la classification statistique des coopératives et leur mesure en termes d’emplois et de travail ainsi que de leur valeur ajoutée. Le CIRIEC offre tous les deux ans un vaste espace mondial d’échange aux chercheurs en économie sociale sous la forme de conférences de recherche en économie sociale ; l’an dernier à San José du Costa Rica, l’an prochain à Séoul. Toutes ses activités sont menées dans le cadre d’un échange et d’un dialogue entre praticiens et chercheurs puisqu’une des spécificités du CIRIEC est d’associer en son sein, des entreprises, des organisations et des gestionnaires, d’une part, des centres de recherches, des professeurs et chercheurs, d’autre part.
Evidemment l’organisation que j’ai connue comme jeune directeur en 1990 n’est plus l’organisation que j’ai l’honneur de présider aujourd’hui. La majorité de ses membres (sections nationales et membres associés) sont non européens et nous travaillons de plus en plus avec d’autres organisations mondiales. Il faut aussi reconnaître que les défis auxquels nous devons faire face sont aussi des défis planétaires et les objectifs de développement durable de l’Organisation des Nations Unies guident désormais nos travaux. Le CIRIEC a renforcé ces dernières années ses collaborations avec l’Organisation internationale du travail, réalisant une publication pour commémorer le centenaire de la création de l’unité « coopératives » du BIT, collaborant avec le comité pour la promotion et l’avancement des coopératives (COPAC), accompagnant et saluant la résolution historique sur le travail décent et l’économie sociale et solidaire adoptée en juin dernier par la Conférence internationale du Travail. Cette résolution fournit une définition tripartite de l’économie sociale, claire et complète, basée sur un ensemble de valeurs et de principes.
Membre observateur du Groupe de travail inter-agences des Nations Unies sur l’Economie sociale et solidaire (UN-TFSSE), le CIRIEC entend accroître la visibilité de l’économie sociale, faire davantage reconnaître sa contribution aux dimensions économique, sociale et environnementale du développement et aider à la mise en place de mesures en vue de son essor.
Ainsi avec des objectifs renouvelés, de nouveaux partenariats, des sections nationales et des membres associés aux quatre coins du monde, le CIRIEC se veut aujourd’hui et demain comme hier, une organisation vivante au service de l’homme, de sa dignité, de son bien-être et de la démocratie, valeurs fondatrices de l’économie sociale.
