Des ministres d’Allemagne, de Belgique, du Luxembourg et de Slovénie se sont joints à l’initiative lancée par la vice-présidente du gouvernement espagnol et ministre du Travail et de l’Économie Sociale, Yolanda Díaz, demandant une représentation adéquate de l’Économie Sociale dans le nouvel organigramme de la Commission européenne et un commissaire spécifique ayant des responsabilités en la matière.
Cette demande a été formulée dans une lettre adressée aux vice-présidents de la Commission européenne, avec copie à la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, et signée par Yves Coppieters, ministre de la Santé, de l’Environnement, de la Solidarité et de l’Économie Sociale de Wallonie (au nom de la Belgique) ; Robert Habeck, vice-chancelier fédéral et ministre de l’Économie et de l’Action Climatique d’Allemagne ; Georges Mischo, ministre du Travail du Luxembourg, et Luka Mesec, vice-premier ministre et ministre du Travail, de la Famille, des Affaires Sociales et de l’Égalité des Chances de Slovénie, ainsi que Yolanda Díaz.
Les signataires expriment leur mécontentement face au dernier organigramme publié pour la nouvelle Commission, en cours de formation après les élections européennes, dans lequel il n’y a pas de département spécifique pour promouvoir des politiques concrètes en faveur de l’économie sociale, malgré l’indication du Plan d’Action Européen pour l’Économie Sociale et la Recommandation du Conseil de l’Union Européenne sur la création de conditions-cadres favorables à l’économie sociale.
« L’économie sociale est indispensable pour construire une Europe plus démocratique, verte et inclusive. Depuis le Ministère du Travail et de l’Économie Sociale, nous avons lancé une demande, avec quatre autres pays, pour que la nouvelle Commission prenne en charge le présent et l’avenir d’un secteur de pointe », a communiqué Díaz dans une publication sur le réseau social X (Twitter).
Dans la lettre, rendue publique par la ministre elle-même sur le même réseau social, il est indiqué que « nous trouvons préoccupant qu’aucune des lettres de mission envoyées aux commissaires désignés ne fasse référence à des responsabilités et des compétences dans le domaine de l’économie sociale ».
Le texte adressé à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ainsi qu’aux titulaires des trois vice-présidences de la Commission, souligne qu’il est « essentiel que la nouvelle Commission travaille efficacement en ce sens ».
Les cinq ministres européens réclament également un commissaire spécifique chargé de ces questions, afin de garantir une coopération étroite entre les vice-présidences, en soutien au secteur de l’économie sociale.
Un secteur « essentiel » pour l’avenir de l’Europe
Selon les dernières données de la Commission, élaborées par le CIRIEC et l’Euricse, l’économie sociale dans l’UE regroupe 4,3 millions d’entreprises et entités, avec 11,5 millions d’employés rémunérés et plus d’un billion d’euros de revenus.
La lettre insiste sur le fait que l’économie sociale est un modèle de production qui génère des emplois de qualité, favorise la cohésion sociale et promeut des sociétés plus équitables et égalitaires à travers l’égalité et la redistribution des richesses. C’est pourquoi l’économie sociale est de plus en plus nécessaire « dans le cadre de l’objectif général de cohésion sociale et de démocratie économique, et dans l’application du Pilier européen des droits sociaux ».
Après une législature productive (2019-2024), au cours de laquelle le Plan d’Action Européen pour l’Économie Sociale et la Recommandation du Conseil sur le développement des conditions-cadres de l’économie sociale ont été approuvés, les ministres demandent enfin un engagement ferme en faveur de ce modèle économique, qu’il soit déclaré priorité politique et que l’accès aux financements existants de l’UE soit promu, en accord avec les besoins des entités qui apportent une valeur ajoutée par les bénéfices sociaux qu’elles génèrent.