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Social Economy News

L’actu de l’économie sociale européenne

L’économie sociale, une économie qui donne la priorité aux personnes plutôt qu’au profit, l’économie dont le monde a besoin

Les défis nombreux et récurrents auxquels le monde est confronté exigent un changement de système dans la manière dont nous produisons et consommons. Le profit et la croissance économiques ne peuvent plus être la seule force motrice de nos entreprises et de nos gouvernements. L’ONU et ses membres l’ont reconnu en élaborant les objectifs de développement durable (ODD) et en reconnaissant les organisations et les entreprises de l’économie sociale comme des contributeurs importants à ces objectifs, grâce à leurs modèles économiques qui placent la primauté des objectifs sociaux sur le profit [1].

En effet, la recherche du profit des entreprises traditionnelles les pousse à réduire les coûts (toutes les ressources, y compris la main-d’œuvre) et à maximiser les bénéfices, dont la majeure partie est redistribuée aux investisseurs financiers. Ces pratiques ne tiennent pas compte de l’écosystème dévastateur et le pourcentage de richesse revenant au travail ne cesse de diminuer. C’est ce cadre qui nous a conduits au changement climatique mondial et à l’augmentation des inégalités à l’échelle mondiale, ainsi qu’au sein des États, entre ceux qui ont et ceux qui n’ont pas. Ces tendances ont des coûts sociétaux et environnementaux qui, en fin de compte, sont payés par la société et les États.

Il existe néanmoins des modèles alternatifs qui permettent le changement rapide et profond du système dont notre planète et nos communautés ont besoin pour survivre et même s’épanouir harmonieusement. En mettant l’accent sur les objectifs sociaux plutôt que sur le profit économique, l’économie sociale propose divers modèles économiques durables pour les personnes, les communautés et la planète. C’est une économie de solidarité qui a survécu dans un monde où la concurrence économique est rude et où l’exploitation des personnes et des ressources naturelles est largement répandue, parce qu’elle a répondu aux besoins non satisfaits des personnes. Pour que le paradigme de l’économie sociale devienne une norme économique, deux stratégies concomitantes doivent être déployées : une coopération renforcée entre les praticiens de l’économie sociale et des changements fondamentaux dans les cadres juridiques et réglementaires.

En ce qui concerne la première stratégie, il est essentiel que la coopération entre les différents acteurs de la chaîne de valeur de l’économie sociale soit renforcée et même planifiée de manière proactive. Il est nécessaire de renforcer la capacité de l’entrepreneuriat collectif par le biais de fonds dédiés (investissements, prêts, soutien économique…), d’incubateurs d’entreprises adaptées, mais aussi d’une collaboration avec les autorités publiques, surtout locales, et les communautés. Pourquoi ? Parce qu’un autre principe de l’ES est de réinvestir la majeure partie du surplus dans l’objectif social, ce qui signifie moins de bénéfices à redistribuer, et donc moins d’attrait pour les investisseurs, qui se concentrent principalement sur un retour sur investissement élevé et rapide. Mais aussi parce que l’ES est active dans tous les secteurs d’activités et a donc la capacité d’être autosuffisante, si seulement elle avait cet objectif. D’autre part, une forte coopération avec les autorités locales permettrait aux initiatives citoyennes de se multiplier pour répondre aux besoins territoriaux grâce à des organisations gouvernées démocratiquement et enracinées localement. Une telle approche renforce les pratiques démocratiques et la confiance dans les autorités publiques tout en reconnaissant, du moins dans le monde occidental, l’externalisation qui a eu lieu au cours des dernières décennies des services publics à des tiers, et souvent à des organisations de l’économie sociale.

L’économie sociale est souvent très active dans le domaine de l’éducation et de la formation. Une coopération plus étroite avec les chercheurs devrait être encouragée afin d’adopter une meilleure mesure de l’impact et de construire un récit fort, à travers des faits, des chiffres mais aussi des approches qualitatives qui démontrent comment l’ES participe à l’innovation sociale et à quel point le poids de l’ES est important pour la transition juste, verte et numérique. Ceci est essentiel car de nombreuses entreprises à but lucratif surfent sur la vague sociale et verte par le biais d’un marketing fort et peu d’actions. La planète et les communautés ont besoin de systèmes de production structurellement durables d’un point de vue social et environnemental.

Le deuxième axe stratégique consiste à modifier le cadre juridique et réglementaire afin de permettre le développement d’entreprises véritablement durables. Dans ce domaine, des progrès importants ont été réalisés récemment en termes de reconnaissance de la valeur de l’économie sociale et de la nécessité d’améliorer les cadres juridiques. Il a fallu plus d’une décennie de dialogue structuré avec les gouvernements et les principales organisations internationales pour y parvenir. Le groupe de travail sur l’économie sociale des Nations Unies a été officiellement créé en 2013 et rassemble des organisations de l’économie sociale, des organisations d’entrepreneuriat social, des agences nationales des Nations Unies et des institutions internationales (telles que l’OIT et l’OCDE). Le travail de ce groupe de travail et l’engagement fort de certains gouvernements ont conduit à la résolution de l’ONU sur l’économie sociale et solidaire. Au niveau de l’UE, au cours des quelque 20 dernières années, de nombreux groupes de travail actifs ont été mis en place avec diverses institutions de l’UE, telles que : le GECES (Groupe d’experts en économie sociale de la Commission européenne), le Groupe de liaison avec les organisations et réseaux de la société civile du Comité économique et social européen, ainsi que l’Intergroupe sur l’économie sociale du Parlement européen dont SEE assure le secrétariat. SEE a participé activement à tous ces groupes de travail et a maintenu des liens étroits avec le Comité de suivi de la Déclaration de Luxembourg qui a été mis en place lors de l’événement ES de 2015 dans le cadre de la présidence luxembourgeoise de l’UE. Il s’agit d’un groupe d’États qui s’engagent à soutenir l’écosystème de l’ES au sein de l’UE et de leurs pays. Tous ces acteurs ont participé à l’élaboration du qui a été adopté en 2021 afin de définir des lignes directrices pour le développement de l’écosystème de l’économie sociale sur une période de 10 ans. L’un des derniers résultats de ce plan de travail est l’accord politique sur la recommandation de la SEE a été un acteur fort de l’ébauche du SEAP et continue à être une force motrice de sa mise en œuvre.

Maintenant que l’ES est sous les feux de la rampe et bénéficie d’une forte reconnaissance de la part de nombreuses institutions, il est temps de traduire ces intentions politiques en actions concrètes. SEE, avec ses membres et partenaires, pousse les gouvernements et les institutions à s’engager à tenir leurs promesses et tout le réseau est là pour soutenir ces actions à travers l’échange d’expériences, de connaissances et la mise en œuvre d’actions concrètes. Par exemple, au niveau de l’UE, SEE coordonne avec Euricse le Proximity & Social Economy ecosystem and LSP(s) pour l' »écosystème de l’économie de proximité et de l’économie sociale » (le 14ème écosystème industriel de l’UE). Dans ce cadre (et dans d’autres projets), l’objectif est d’identifier les besoins en matière d’éducation, de formation et de compétences des acteurs de l’économie sociale afin de poursuivre la double transition équitable (verte et numérique). Dans les années à venir, SEE se concentrera sur le renforcement des capacités de l’écosystème de l’économie sociale et sur l’engagement politique des Etats membres et des organisations internationales.

Pour en savoir plus sur ce qui se passe dans le monde de l’économie sociale et sur l’état de toutes ces politiques et actions, SEE organise avec le gouvernement espagnol (dans le cadre de la présidence de l’UE) une conférence intitulée « Social Economy : People, Planet, Action » à San Sebastian les 13 et 14 novembre. Pour ceux qui ne peuvent pas venir, ne manquez pas la prochaine conférence d’ES qui sera organisée sous la Présidence belge de l’UE, les 12 et 13 février 2024 à Liège (Belgique).

[1] https://documents-dds-ny.un.org/doc/UNDOC/GEN/N23/118/69/PDF/N2311869.pdf

 

 

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