Par Alain Coheur, Vice-président de Social Economy Europe (SEE) et membre du Comité économique et social européen (CESE)
Le momentum historique que traverse l’Economie Sociale est le résultat de plus d’une décennie de plaidoyers et de travail de femmes et d’hommes de l’économie sociale pour disposer d’une reconnaissance qui a longtemps tardée au niveau européen et international. Cette reconnaissance est très concrète dans de nombreux pays mais elle est aussi inégale ; les politiques locales, régionales et nationales n’ont pas encore acquis l’ensemble des mécanismes nécessaires à la mise en place de l’écosystème économie sociale. Ces dynamiques aux différentes dimensions humaines, législatives, financières, économiques, permettent de faire progresser le débat sur l’économie sociale mais nécessitent, de notre part, de plus en plus de moyens pour maintenir un plaidoyer de haut niveau tant sur le plan politique que technique.
L’économie sociale a toute sa place dans l’ensemble des transitions sociétales mais elle est, en plus, un moteur historique et actuel de ces transformations. Dans un monde qui aujourd’hui est plus que jamais à la recherche de nouveaux points de repères, plus centré sur les personnes, plus sensible aux enjeux environnementaux qui conditionnement à la fois l’avenir de la planète et l’avenir de l’espèce humaine, notre responsabilité est engagée.
Aujourd’hui comme hier, nous avons fait la preuve de notre pertinence, de nos solutions, de nos innovations. Nous avons résisté aux crises en tout genre ! Nous savons que notre mode d’organisation et de gouvernance est non seulement performant mais il est bénéfique pour le citoyen, l’économie et la société. Même si nous devons encore progresser pour le faire savoir.
L’agenda européen et international est une opportunité historique de faire reconnaitre les atouts de notre modèle et après plus de 2 siècles d’existence, nous ne pouvons plus être considérés comme un épiphénomène ou un accident de l’histoire du capitalisme. Nous sommes bien porteurs d’un projet social et économique universel !
Les organisations internationales ou européennes de l’économie sociale, aussi performantes soient-elles, ne peuvent pas répondre individuellement à la demande croissante de connaissance, de formation, d’expertise, d’appui au développement des entreprises de l’économie nées notamment sous l’impulsion du BIT, de l’OCDE et prochainement des Nations Unies.
Nous devons récolter le fruit de nos investissements, nous ne pouvons pas laisser les bureaux de consultance venir occuper un espace qui nous revient et pour cela, nos organisations vont devoir, plus que jamais, travailler ensemble, voir se rapprocher pour former des entités en capacité de répondre à la croissance des entreprises de l’économie sociale.
Le chemin est déjà balisé pour les 18 prochains mois : la rencontre mondiale du GSEF en mai à Dakar, les recommandations du Conseil prévues au printemps, la conférence de la présidence espagnole à San Sébastian les 13 et 14 novembre, la conférence de la présidence belge à Liège les 15 et 16 février 2024 et, non des moindres je l’espère, la Résolution des Nations Unies pour laquelle nous devons être très vigilants sur le contenu qui sera proposé par les gouvernements, nous devons être partie prenante de cette ultime construction internationale en faveur de l’économie sociale.
Et plus que jamais, pour faire valoir la différence de notre modèle, nous devons investir plus dans les médias, enseigner plus dans les universités, être plus soutenus par les pouvoirs publics, être plus portés par la culture et influencer plus le monde politique… Nous devons redonner de l’Espoir aux les générations présentes et à venir.