Par Ivette Ayvar (CIDE) et Roberto Cañedo (CIRIEC Mexique)
Le 24 avril, la présentation de l’étude de cas sur l’économie sociale du Mexique, 2013 et 2018, a eu lieu dans le cadre du séminaire itinérant « Compte satellite de l’économie sociale et solidaire en Ibéro-Amérique », organisé conjointement par le Centro de Investigación de Docencias Económicas (CIDE) et le CIRIEC-Mexique. L’Institut national de statistique et de géographie (INEGI) et l’Institut national d’économie sociale (INAES), ainsi que des représentants du CIRIEC-Colombie, du CIRIEC-Brésil, du CIRIEC-Costa Rica et du CIRIEC-Espagne ont participé à l’événement.
L’objectif de l’étude est de fournir une vue d’ensemble de la participation de l’économie sociale au produit intérieur brut (PIB) du Mexique, à la fois en termes de production et d’emploi. L’étude considère que les entités de l’économie sociale sont des organisations autonomes et que leurs membres ont le double statut de travailleurs et de membres. Ces deux éléments ont été des sujets de discussion importants lors du séminaire. Les principaux résultats de l’étude et la méthodologie utilisée ont également été présentés.
Voici quelques-uns des principaux résultats : en 2018, au Mexique, le PIB de l’économie sociale a atteint 354 706 millions de pesos, ce qui équivaut à 1,6 % du PIB national. Les emplois rémunérés dans l’économie sociale s’élevaient à 1 751 695, ce qui équivaut à 4,5 % du total de l’économie mexicaine. En ce qui concerne les emplois fournis par l’économie sociale, on constate qu’ils se composent d’emplois salariés (travailleurs embauchés avec une rémunération) et d’emplois salariés non rémunérés (associés-travailleurs et leurs familles, dont la rémunération pour leur travail correspond aux bénéfices obtenus dans l’activité).
En 2018, selon la classification fonctionnelle, les ejidos ont contribué à hauteur de 70,7 % au PIB de l’économie sociale. L’ejido au Mexique est un système de distribution et de propriété des terres qui a été institutionnalisé dans le cadre d’une réforme agraire révolutionnaire, et qui consiste à octroyer des terres pour utilisation et exploitation à un groupe de personnes ; c’est un exemple de propriété foncière collective.
Nous constatons que pour 2018 et à prix courants, 76,5 % du PIB de l’économie sociale a été réparti dans les activités primaires ; 16,4 % dans les services financiers ; 2,8 % dans l’industrie manufacturière ; 1,5 % dans le commerce ; 1,5 % dans les transports et 1,3 % dans des secteurs tels que l’exploitation minière et la construction. De même, en 2018, mesurée aux prix de 2013, l’économie sociale a connu une augmentation de 30,3 % par rapport à 2013. Au cours de la même période, l’économie totale a augmenté de 13,2 %. Selon la classification fonctionnelle, en 2018, le PIB de l’économie sociale était constitué de la contribution des ejidos, à hauteur de 70,7 %, suivie des sociétés coopératives d’épargne et de crédit, à hauteur de 15,1 %, puis des communautés, à hauteur de 4,4 % ; on trouve ensuite des sociétés coopératives, à hauteur de 4,0 %, des sociétés de production rurale, à hauteur de 1,8 %, et enfin du reste des organisations, à hauteur de 4,0 % supplémentaires.
Le développement méthodologique et conceptuel de l’étude a été soutenu par un groupe technique multidisciplinaire (GTM), avec la participation de représentants du Conseil supérieur de la coopération (Cosucoop), du Conseil supérieur de la coopération de la République Mexicaine (Mexicoop), du CIRIEC-México, du Registre National Agraire (RAN), du Registre public de Commerce (RPC), de l’INAES et de l’INEGI. Les résultats ont été obtenus sur la base des lignes directrices internationales du Manuel du système de comptabilité nationale (SCN) de 2008, élaboré conjointement par les Nations unies (ONU), l’Office statistique de la Commission européenne (EUROSTAT), le Fonds Monétaire International (FMI), l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et la Banque mondiale (BM). Le Manuel pour l’établissement des comptes satellites des entreprises d’économie sociale: coopératives et mutuelles, réalisé par le CIRIEC pour la Commission européenne, a également été pris en compte. Le Fonds international de développement agricole (FIDA), par l’intermédiaire de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a apporté un soutien financier supplémentaire à l’étude.
Le séminaire a débattu de la nécessité d’intégrer d’autres questions, telles que le travail non rémunéré des femmes, les monnaies sociales, l’économie informelle, l’élargissement de la frontière de production pour une meilleure prise en compte de l’économie sociale, entre autres. En outre, un débat a eu lieu sur le périmètre de l’économie sociale, sur les défis que nous devons encore relever pour continuer à construire des mécanismes de plus en plus inclusifs et précis pour mesurer l’importance et les contributions de l’économie sociale. Le Mexique, par l’intermédiaire de l’INEGI, s’est engagé à poursuivre l’élaboration d’un matériel destiné à guider d’autres pays dans la conception et la mise en œuvre de comptes satellites de l’économie sociale pour l’Amérique latine, avec un niveau élevé de fiabilité et de certitude.
Lien pour visionner le séminaire https://www.youtube.com/watch?v=iCFKd2g8Uqo
Contact pour les futures sessions du séminaire : Ivette.ayvar@cide.edu