Les 11e Rencontres du Mont-Blanc organisées par le Forum international de l’ESS se sont déroulées le 16 janvier 2025 au siège de l’OIT sur le thème « L’ESS face au rôle de la finance et du pluralisme économique, soutenir les ODD et le développement social ».
Les Rencontres du Mont-Blanc (RMB), premier grand événement international de l’économie sociale et solidaire sous l’égide de l’Année internationale des coopératives, ont réuni plus de 70 dirigeants internationaux de l’ESS venus des 4 coins du monde : Brésil, Honduras, Côte d’Ivoire, Cameroun, Canada, France, Espagne, Belgique et autres.
« Les entreprises de l’ESS ne sont pas des entreprises marginales, mais elles doivent sortir de la marginalité » a déclaré le président du Forum international de l’ESS lors de la cérémonie d’ouverture, aux côtés de Simel Esim, directrice de l’unité COOP-SSE de l’OIT et présidente de l’UNTFSSE.
Dans une vidéo spéciale pour les RMB, le Directeur général du OIT, Gilbert F. Houngbo, a rappelé l’engagement de l’OIT en faveur de l’ESS et son rôle dans la justice sociale et la transition écologique. « Les acteurs de l’ESS doivent être à l’avant-garde du combat pour la démocratie », a déclaré l’ancien commissaire aux Affaires sociales Nicolas Schmit dans un discours liminaire, qui a également plaidé pour la réhabilitation du terme “citoyen”.
La première table ronde, animée par Claude Dorion (MCE Conseils), trésorier d’ESS Forum international, a porté sur « La pertinence des circuits de financement pour le développement de l’ESS ». A partir de l’exemple de l’Equateur, Chantal Line Carpentier de la CNUCED a démontré que des solutions de financement de l’ESS existent et peuvent être « transférables », en amont du rapport de l’UNTFSSE sur le financement de l’ESS.
« Le financement de l’ESS par elle-même » est aussi un fait historique et politique qu’il est parfois bon de rappeler, comme l’a fait Jérôme Saddier, Président du Crédit Coopératif. Il a également invité à se méfier des mots à la mode comme « impact » ! Hilde Vernaillen a affirmé que l’ESS doit être rentable pour s’autofinancer, c’est pourquoi le Groupe P&V soutient de nombreuses PME et COOP de l’ESS pour qu’elles atteignent une masse critique !
Marc Picard a souligné que l’activité de financement de l’ESS de la Caisse Solidaire Desjardins est presque artisanale face aux méga-machines de la finance traditionnelle, et pourtant elle fonctionne ! Maciel Dos Santos et le Dr Leopoldo Carvalho de Oliveira Neto, Président de Sicredi Centro Norte, ont partagé l’expérience de Sicredi au Brésil, avec ses 9 millions de membres, illustrant le pouvoir du mouvement coopératif en termes d’inclusion financière des plus vulnérables.
La deuxième table ronde a porté sur le thème « Les entreprises de l’économie sociale et les entreprises privées peuvent-elles partager les mêmes concepts pour assurer leur développement ? ». Elle était animée par Antoine Détourné, délégué général de l’ESS France, qui a fait le point sur la RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises) et ses questionnements actuels (RSE, RSE3D) dans les différents cercles de pouvoir.
Arnaud Breuil d’Up Coop a contesté l’adage selon lequel « le statut ne fait pas la vertu », car « les statuts d’une entreprise consacrent un certain nombre de pratiques de gouvernance éthiques et démocratiques ». Il a également évoqué la raison d’être d’UP COOP.
Victor Meseguer, directeur adjoint d’ABACUS (coopérative d’éducation et de culture), a affirmé que la coopération avec le secteur privé traditionnel est possible : La RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises) est ancrée dans la construction d’alliances, à condition que l’on sache où aller ensemble et que la concurrence ne soit pas déloyale (comme avec les GAFAM).
Valérie Tiacoh a rappelé qu’Orange travaille naturellement avec l’ESS via notamment ses achats pour atteindre les ODD et les droits humains car les acteurs de l’ESS sont des parties prenantes essentielles à l’heure de l’hybridation des modèles.
Le Professeur German Mejia (COACEHL – Honduras) a insisté sur l’inter-coopération et l’éducation, sur la responsabilité sociale des coopératives et sur la nécessité pour les pouvoirs publics d’être plus sensibilisés à l’ESS !
Enfin, Jules Gouhan (Côte d’Ivoire – réseau ESS) a exhorté les entreprises à sortir de la RSE « gadget » ou « formelle » pour s’engager dans une véritable RTE (responsabilité territoriale des entreprises) au service des territoires et des communautés, exemples concrets à l’appui.
La journée s’est achevée par la présentation des recommandations des Rencontres du Mont-Blanc 2025.
Deux thèmes principaux sur le rôle de la finance et le pluralisme économique dans le soutien aux ODD et au développement social figurent à l’agenda mondial, qui en 2025 sera marqué par deux grandes conférences internationales : la 4ᵉ Conférence Internationale sur le Financement du Développement (FfD4) à Séville, en Espagne, en juillet, et le 2ᵉ Sommet Mondial pour le Développement Social au Qatar, en novembre.
Pour ESS International Forum, « il est nécessaire de renforcer le dialogue entre les acteurs du financement et du développement des entreprises et ceux de l’économie sociale, afin d’exploiter pleinement le grand potentiel de l’économie sociale en tant que fournisseur de solutions aux défis liés aux ODD ».
Lisez ici le document de recommandations des Rencontres du Mont-Blanc 2025.
