Par Eva Cantele, déléguée générale du Forum international de l’ESS
La dixième édition des Rencontres du Mont-Blanc s’est tenue pour la première fois sur le continent américain, du 18 au 19 octobre 2022, au centre de convention de Cartagena de Indias, en Colombie.
Cette réunion a été organisée par ESS Forum International (ESSFI), un réseau mondial de 31 organisations qui existe depuis 2004 et qui promeut l’économie sociale et solidaire (ESS) comme un moyen d’atteindre les objectifs de développement durable des Nations Unies pour 2030 et, en général, comme la base d’un modèle économique, politique et social qui place les personnes et les écosystèmes en son centre, en réfléchissant et en élaborant des stratégies sur la promotion et le développement de l’ESS à tous les niveaux de gouvernance.
- « Le système de valeurs proposé par l’ESS est ce dont le monde a besoin aux niveaux international, régional et national pour tenir la promesse de l’Agenda 2030 ». Vic Van Vuuren, président du Groupe de Travail Interagence des Nations unies sur l’économie sociale et solidaire (UNTFSSE) et directeur du département Entreprises de l’Organisation internationale du travail (OIT).
À cette occasion, 340 personnes se sont réunies – en présentiel et distanciel -, dont les principa.ux.les dirigeant.e.s de l’économie sociale et solidaire de 32 pays différents, des représentant.e.s politiques de quatre continents (la Colombie bien sûr, mais aussi l’Équateur, la France, le Portugal, le Sénégal, l’Uruguay, l’Argentine, entre autres) et des représentant.e.s d’organisations internationales telles que les Nations unies (ONU), l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), l’Organisation internationale du travail (OIT), le Mercosur, la Commission européenne et la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC).
Le thème général de l’événement était « L’économie sociale et solidaire, des solutions locales à internationales dans un monde en mutation ». L’événement a débuté par le mot de bienvenue d’Elisa Torrenegra, coprésidente de ESS Forum International, laissant place à la communication des autorités qui s’est ouverte par l’intervention de Rafael Gonzalez, directeur de l’Unité administrative spéciale des organisations de solidarité (UAEOS), une vidéo de Mme Yolanda Diaz, deuxième vice-présidente et ministre du travail et de l’économie sociale, Espagne, de M. Dennis Corrales, directeur exécutif du Service national de l’entrepreneuriat et des petites entreprises (SENPRENDE) du Honduras, l’intervention de Margarita Hernandez, surintendante de l’économie populaire et solidaire, Équateur ; une vidéo de M. Achille Bassekin, ministre des petites et moyennes entreprises, de l’économie sociale et de l’artisanat (MINPMESSA) du Cameroun ; l’intervention de Mme Carla Ventura, vice-présidente de la Cooperativa António Sérgio para la Economía Social (CASES), Portugal ; une vidéo de M. Juan Manuel Martinez Louvier, directeur général de l’Institut national d’économie sociale (INAES), Mexique et enfin, une vidéo de M. Alejandro Juan Russo, président de l’Institut national d’économie sociale (INAES), Argentine.
Lors de la session plénière « L’internationalisation de l’ESS dans le cadre de l’Agenda 2030 de l’ONU » modérée par Alain Coheur, Co-Président du Forum International de l’ESS, les panélistes ont réfléchi aux étapes franchies dans l’arène internationale pour la promotion de l’ESS comme outil pour faire avancer l’Agenda 2030. Parmi les jalons mentionnés figurent l’adoption du plan d’action de l’Union européenne pour l’économie sociale, la résolution et les conclusions sur le travail décent et l’ESS lors de la 110e Conférence internationale du travail (CIT) de l’OIT, la recommandation sur l’ESS et l’innovation sociale du Conseil de l’OCDE, et les progrès vers une résolution de l’Assemblée générale des Nations unies sur l’ESS et le développement durable.
La deuxième session plénière sur « Les solutions locales pour l’ESS » a été modérée par Yasy Morales, vice-présidente d’ESS Forum International et a permis de présenter les solutions d’ESS de la ville de Dakar au Sénégal, de Bordeaux en France, la contribution de la Caisse d’économie Desjardins à la croissance et au renforcement des projets d’ESS au Québec, Canada, et la richesse de la région d’Antioquia en Colombie.
- « Il est nécessaire de mettre en place un partenariat multi-acteurs dans le cadre de réseaux locaux et nationaux qui permettent de fédérer les initiatives et de faciliter la mise en relation avec les acteurs de l’ESS sur les territoires, et qui sont connectés avec les fronts de plaidoyer internationaux Nous devons également mettre l’accent sur la « démarche de co-construction » entre les acteurs de l’ESS, les entités de l’ESS (coopératives, mutuelles, associations, fondations, entreprises sociales et autres), les autorités locales, les groupes d’intérêt économique, entre autres », Aminata Diop, directrice générale du Fonds de développement et de solidarité des communes, mairie de Dakar, Sénégal.
Huit sous-thèmes ont également été abordés, tels que l’éducation pour l’apprentissage tout au long de la vie ; le changement organisationnel et la perspective de genre ; les modèles de production, de distribution et de consommation alimentaires ; les biens publics et les biens communs ; les systèmes financiers ; les politiques publiques et la défense des intérêts ; les outils numériques ; et l’investissement pour améliorer l’emploi, le tout dans le cadre de l’ESS. En outre, six sessions auto-organisées ont eu lieu, organisées par le Global Social Economy Forum (GSEF) sur le logement ; par l’Association internationale des mutuelles (AIM) sur le changement démographique ; par la Colectiva Montes de Maria sur la reconstruction du tissu économique dans la phase post-conflit ; par la Coalition internationale de l’ESS (CIESS) sur la reconnaissance internationale de l’ESS. Le programme académique et les feuilles de route qui ont émergé des réflexions et des conversations ont fait de cette édition une étape importante pour la promotion de l’économie sociale et solidaire en Colombie, dans les Amériques et au niveau international.
Rafael Gonzalez, directeur de l’Unité administrative spéciale des organisations de solidarité de Colombie, Pepe Mujica, ancien président de l’Uruguay, la secrétaire d’État française chargée de l’ESS, Marlène Schiappa et enfin, Alain Arnaud, président d’honneur du CIRIEC France et du CIRIEC International ont pu s’exprimer lors de la cérémonie de clôture de l’événement, soutenant l’adoption de la Déclaration de Cartagena de Indias et félicitant les initiatives qui œuvrent pour une plus grande reconnaissance de l’ESS au niveau international.
- « Il est important de construire un modèle collectif et durable basé sur l’économie de la coopération et non sur l’économie de la concurrence grâce à l’ESS. Au-delà d’être une vision de l’économie, je crois que l’ESS est une vision globale de la société, de l’humanité et qu’il nous appartient de la porter au niveau international (…) Travaillons ensemble pour que l’ESS change d’échelle et que nos succès et nos efforts inspirent demain », Marlène Schiappa, Secrétaire d’Etat à l’ESS et à la vie associative
La Déclaration est également accompagnée d’une feuille de route, découpée par grandes thématiques, pour guider les actions des organisations de l’ESS qui fera l’objet d’une publication en janvier 2023 et tracera la stratégie de l’organisation sur les thématiques prioritaires abordées pendant l’événement.
